De l'herbe. De l'herbe à perte de vue. De l'herbe à droite, de l'herbe à gauche. Une immense plaine dont je ne vois pas la fin. Mais je me fiche de ne pas voir la fin. Je vois l'horizon, et c'est la seule chose qui compte vraiment. De quoi veux-je vraiment voir la fin ? De ma vie ? Non. De ce calvaire ? Non. De l'inception ? Non plus. Des souvenirs ? Non. De quoi alors ? Je ne sais pas. J'attends la fin de quelque chose sans savoir de quoi. Je secoue ma fourrure grise-blanche. Mes oreilles sont pointées vers l'infini. Je soupire, comme prête à partir à l'aventure. Comme si c'était une corvée - attention, je n'ai pas dis que ça l'était. Et alors, je m'élance, trottinant d'une allure légère et gracieuse. Discrète. On ne m'entend pas me déplacer. L'herbe sous mes pattes ne craque pas, elle ne me trahit pas. Le ciel au-dessus de ma tête est couvert ; parfois le soleil sort quelques secondes pour m'éblouir, puis, satisfait, se masque de nouveau sous ses rideaux nuageux. D'ailleurs, les nuages ne sont pas de bons augures. Ils sont d'un gris menaçant, et l'air sent l'humidité. Il va pleuvoir. Génial. Je poursuis mon chemin, éphémère et éternelle à la fois. Je ne sais ni où je suis, ni si je vais tomber sur quelqu'un pour la première fois ici. Je ne sais ni si ce quelqu'un va m'agresser, ni s'il va me fuir. Généralement, ils ne font pas autre chose que ces deux options. A choisir, je choisirais la seconde, elle est plus saine pour moi. Je pense à mon rêve. M'en interdis l'instant d'après. Je ne veux pas revoir ses images qui me hantent. Ce n'est plus un rêve, c'est un cauchemar qui me ronge et qui finira par me noyer. Ah ah, drôle. Me noyer, justement. C'est comme ça que je vais mourir, et je le sais. Parce que c'est justement de ça que je rêve sans relâche depuis que je suis née. Je m'ébroue. Peste contre moi-même. Et continue mon chemin. Peut-être un jour trouverais-je un antidote.