Je trottine doucement, près d'un ruisseau qui, au son que j'entends, ne dois pas se trouver bien loin. J'accélère un peu, prenant de la vitesse, et finissant même par galoper. Mon allure est fluide, mais surtout très discrète ; j'ai appris à ne faire aucun bruit. Soudain, le vent semble s'opposer à moi et me fait face. Je suis obligée de ralentir, un vague sourire sur les lèvres. Je secoue la tête, et continue en marchant simplement. C'est en entendant de nouveau le bruit de l'eau quand le vent cesse que je m'aperçois que j'ai soif. Très soif même. Je change donc de direction, et pars en trottinant de mes foulées souples. J'arrive près de la rivière. Enfin, si on peut appeler cela comme ça. Le courant est fort, très fort. N'importe qui s'y noierait. L'eau rugit, furieuse, et éclabousse partout autour, se jetant dans le lit du cours d'eau avec rage et violence. J'hésite sur la rive, puis finis par me lancer en haussant les épaules. Je m'approche de l'eau, qui rugit à mes oreilles que je couchent vers l'arrière. Je m'avance encore jusqu'à n'être plus qu'à un petit mètre de l'eau. Je me penche vers l'avant, posant une patte avant sur un rocher qui semble stable, dans l'eau. Je plonge mon museau dans l'eau, fermant mes yeux gris pour ne pas recevoir d'eau dans les yeux. Puis soudain, tout me revient en flash. L'eau houleuse. Le soleil aveuglant. Le sable. Le goût salé dans la bouche. Je recule d'un bond. Je ne veux pas me noyer. Je lève les yeux vers le ciel. Après-tout, maintenant, mon Dieu est Poséidon, non ? Vous allez me dire : quelle idée d'avoir choisis le Dieu des Océans si l'on a peur de l'eau. Mais c'est pour une raison bien précise : ainsi, il m'épargnera peut-être, qui sait. Je regarde le courant avec un regard farouche. Un jour je vaincrais cette peur. Demain n'est pas la veille pour autant. Je baisse les yeux vers le sol, tournant le dos au ruisseau, pour m'éloigner de son brouhaha constant. Quand soudain, je sens des yeux posés sur moi.